Les chansons traditionnelles ‘IMVYINO’ dans la Société Traditionnelle Burundaise.

Les chansons traditionnelles ‘IMVYINO’ dans la Société
Traditionnelle Burundaise.

(Extrait du livre ‘Musiques Traditionnelles, Vocales et
Instrumentales du Burundi’
De Mgr. Justin Baransananikiye).

Les chansons ‘IMVYINO’ sont diverses et à plusieurs styles de composition selon les spécificités régionales, mais également suivant les disparités dans l’art des différents artistes qui les composent et les circonstances dans lesquelles elles sont exécutées. Il existe des ‘IMVYINO’ chantés par les femmes et ceux chantés par les hommes reconnus séparément. Les ‘IMVYINO’ des hommes sont généralement chantés soit comme chants de guerre, chants accompagnant les travaux lourds ou durs, à l’exemple de « Se rima we, rima », ou de chansons liées aux activités de chasse, comme « Tera iyo ngwe, yamaze abantu ! », de forge, de récolte de miel dans les ruches, etc. L’art du chant dans le Burundi traditionnel est si riche que chaque activité de la vie s’y retrouve exprimée avec amour et passion.

Ceci dit, l’on constate que le gros du répertoire des chansons traditionnelles ‘IMVYINO’ comprend surtout ceux chantés par les femmes. Pourquoi cette différence ?
– Une première raison serait certainement le fait que la femme burundaise est le pivot central de la famille. La vie familiale entière repose sur son apport et ses rôles-clés en tant que ‘donneur de la vie’ et ‘bâtisseur de l’unité familiale et inter-sociale’. Elle est toujours présente dans les bons comme dans les mauvais moments et ne manque jamais d’exprimer ces épisodes par le chant.

– La femme burundaise est plus proche de la terre nourricière que l’homme. Les travaux champêtres ou de récolte, la garantie pour une économie familiale stable et durable grâce à une gestion intelligente des greniers de conservation du maïs, du blé, de l’éleusine, du haricot, du sorgho, etc, qu’elle assure d’une saison culturale à une autre, de sorte que rien ne manque pour la survie des enfants et du mari. C’est elle que l’on retrouve à la meule (gusya), au mortier (gusekura), à la fabrication du beurre (guterera), à la rivière pour puiser l’eau et la porter sur la tête jusqu’à la maison. Mais c’est également elle, la maîtresse de la cuisine qui sait combiner et servir toutes sortes de mets pour faire vivre les siens.
– La femme burundaise est l’éducatrice par excellence des enfants à qui elle donne les piliers de la sagesse traditionnelle et des connaissances culturelles de leur pays qui les marqueront toute leur vie. Elle forge et stabilise ainsi l’identité de tout un peuple d’une génération à l’autre. Ici encore le chant lui sert d’appui et d’instrument sûrs.

Voici une ‘berceuse’, style de chant traditionnel spécial des mères portant leur bébé sur le dos et lui exprimant l’amour et le soutien total dans la vie :

Hora, hora nkwinginge
Hora, hora nkwinginge
Mama, abana baringingwa
Huuum !
Hora, giti c’igitutu. Hora giti c’igitutu
Mama cugamamwo abavyeyi
Huuum !

Hora muhivu wo mu nda
Hora muhivvu wo mu nda
Mama, wahivuwe n’Imana
Wahivuwe n’Imana, wahivuwe n’Imana
Mama, ugacika ntibunga,
Huuum !

Hora kirezi co mu mugongo
Kirezi co mu mugongo
Mama, Kirusha ibindi kwera
Huuum!

Shaka ryo mw’itongo, shaka ryo mw’itongo
Mama, ritanga ayandi kwera,
Huuum!

Umutima wo kukwanka, Umutima wo kukwanka
Mama, Uri kure nk’ukwezi
Huuum!

Umutima ugukunda, Umutima ugukunda
Mama, Urateze nk’irembo
Huuum!

Hora nkwime mukaso, mukaso ni igikoko
Mama, Yokuramiza amazi
Amata ari ku ruhimbi
Inka za so zitashe mama yogutuma kuvoma
Huuum!

Yogutuma kuvoma mu mvura y’igitondo
Mama, ubusage bugatunda
Huuum!

Hora nkwime mukaso, mukaso ni igikoko
Mama, Yokuramiza amazi
Inka za so zitashe mama yogutuma kuvoma
Huuum!

Hora ngushire nyokuru, Aguhe amata y’ifyufyu
Mama, Azokurinda inyota
Huuum!

Hora ngushire nyokuru, Azoguha ako mu nda
Ababisha bateye
Huuum!

Hora hora nkwinginge, Hora, hora nkwinginge
Mama, Abana baringingwa,
Huuum!

Hora giti c’igitutu, Hora giti c’igitutu
Mama, Cugamamwo abavyeyi
Huuum!

L’arrivée comme le départ de la femme sont des moments importants pour la famille. La dot, le mariage, la maternité, les visites interfamiliales, etc, constituent des occasions précieuses où les ‘IMVYINO’ chantés par les femmes sèment la joie et l’espoir.

Publié par

MUSICOLOGY GITEGA

Ancien professeur de Musique, Justin BARANSANANIKIYE fut l’un des fondateurs de l’Orchestre national du Burundi en 1977. Il a participé à différents programmes inter-africains pour la promotion de la Musique tenus au Niger, au Bénin et au Togo. En 1991, il reçoit son « Doctor of Divinity », et en 1993, son « Doctor of Ministry » de Asia Graduate University and Theological Seminary, ainsi que l’« International Culture Prize in Religion ». Il gagne en meme temps son PhD (Musicology) de Kensington University, USA. Evêque depuis 1999, il est fondateur et Recteur de L’INSTITUT DE MUSICOLOGIE DE GITEGA en 2013. Il est aussi auteur du livre "THE SWEEPING WAVE" publié en 2011 aux éditions Authorhouse, Indiana, USA, et aussi "DE L'INANGA A LA GUITARE CLASSIQUE-L'HISTOIRE DE LA NAISSANCE DE LA MUSIQUE BURUNDAISE MODERNE" en 2014, "MUSIQUES TRADITIONNELLES,VOCALES ET INSTRUMENTALES DU BURUNDI", 2018, "MANUEL DES CHANTS POUR ECOLIERS ET ELEVES", 2019, "UGUHINGURA INDIRIMBO ZIDISE AKANOVERA NYAKO K'UMUZIKI W'UBURUNDI", 2022.

Une réflexion sur “Les chansons traditionnelles ‘IMVYINO’ dans la Société Traditionnelle Burundaise.”

  1. comme vous l’avez constaté dans ces jours-ci les berceuses ne sont pas beaucoup utilisées mais elles ne sont pas les seules c’est en general « imvyino » elles ont été remplacées par des radio

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